À titre de présentation je suis programmeur, contributeur de longue date au logiciel libre (j’ai déjà été développeur Debian aux années 90…), mais surtout, je suis un élu municipal (dans une ville de 15 000 habitants aux Laurentides). Je suis venu ici parce que j’aimerais connaître d’autres gens, soit des élus ou des fonctionnaires, qui militent pour l’adoption des logiciels libres dans leur municipalité, et surtout ceux et celles qui ont réussi à les faire adopter.
Comme conseiller chargé du dossier de l’informatique c’est une source de frustration constante de constater à quel point on est dépendant, non seulement de Microsoft mais aussi de nos monopoles locaux, que j’abstiens de nommer par prudence (spoiler: il y en a un seul). Vous avez sûrement aussi fait le même calcul que moi - si toutes les villes mettait ensemble l’argent qu’on paie à chaque année ces contrats, on serait amplement capable de remplacer tout cela par des logiciels libres. A simple matter of programming comme on dit … ouain…
Dans le vrai monde, les villes et les MRCs n’ont ni le temps, ni les ressources, et certainement pas les compétences à l’interne pour embarquer dans un tel projet. On a vu à quel point Québec n’est pas capable non plus (à certaines exceptions près comme Données Québec). Je n’ai pas vu beaucoup d’action de la part de l’Union des Municipalités, et juste un tout petit peu chez la Fédération des Municipalités (qui travaillent sur un logiciel de finance à ce que je comprends).
Donc … connaissez-vous des pistes de solution possibles? Des organismes, des gens qui militent et travaillent déjà (parce qu’il devrait y en avoir beaucoup) à ces fins? Surtout avec les élections municipales cet automne c’est le moment d’y parler et je compte le faire lorsque je me représente.
Du logiciel libre pour la bureautique au Québec et/ou Canada, je n’en ai jamais entendu parler. Vous pourriez aller chercher du support à l’international par contre. En Europe, dont la France, ça marche. Une ville française qui me vient à l’esprit est Ville d’Echirolles.
Merci! Ce n’est pas que la bureautique, mais aussi les logiciels de soutien pour divers procédés internes qui m’intéressent - gestion financière, rôle foncier, programmation des loisirs, géomatique, consultation publique, etc.
En effet, certaines villes en Europe utilisent beaucoup, mais aussi développent leurs propres logiciels libres, je pense surtout à Paris, Barcelone et Helsinki, mais il y en a sûrement d’autres.
J’ai l’impression que QGIS est beaucoup utilisé dans le monde universitaire mais les municipalités et MRCs sont très dépendants de ArcGIS… il y a juste quelques exemples surtout en Suisse ici: Case Studies · QGIS Web Site
Concernant le développement « custom » qui pourrait être financé de manière conjointe, l’expertise ne manque pas mais ça prends de la volonté politique et surtout, une suite. Le défunt CELL est un exemple de tentative échouée…
Peut-être ont-ils une liste de contacts et qu’on pourrait les inviter à commenter ici ?
Sachez que vous devrez affronter les ressource illimitées des GAFAM et des lobbyistes qui en vivent. Le défi n’est pas technique, mais bien éthique et politique.
Oui, le comptoir du libre est en effet très intéressant.
La FQM propose une suite de logiciels de gestion, mais je ne pense pas que ce soit eux qui l’ont développée, par contre on m’a dit qu’ils travaillent à l’interne sur un logiciel de finances. Je vais assister à leur congrès en septembre et j’espère tenir des discussions à ce sujet.
Le problème que je vois c’est qu’il faudrait trouver le moyen de financer le développement de façon équitable et compatible avec une license libre. Ceux qui ne voudraient pas la solution libre se demanderaient pourquoi le payer, et ceux qui le payent se demanderaient pourquoi ceux qui ne paient pas auraient quand même le droit de l’utiliser, etc, bref, le problème d’action collective bien connu. Donc la FQM (qui ne regroupe aucunement toutes les villes) ce n’est peut-être pas le bon véhicule pour ce genre d’initiative, l’idéal serait de le faire au niveau national, où je ne vois pas trop la volonté ni la capacité actuellement.
Par contre le moment est propice - toutes les villes se font actuellement demander par des fournisseurs de payer en avance le développement de nouveaux modules et on est plusieurs à refuser ces demandes… il me semble que l’action collective est possible.
J’ajouterais - on voit actuellement beaucoup de villes adopter des politiques d’achat local avec l’objectif plus ou moins explicite de s’affranchir d’Amazon. Donc la volonté de se libérer des GAFM existerait aussi
Le nerf de la guerre c’est vraiment l’argent et les réssources humaines. Tant que les deux viennent d’ailleurs (Québec ou Ottawa) tout le monde ou presque est partant…
Individuellement les municipalités sont des cibles faciles pour les abus et la corruption. En groupe, elle peuvent former un consortium intermunicipal et collaborer. Les structures sont là.
Peut-être que pour rejoindre d’autres élus qui se préoccupent aussi d’autonomie numérique l’Union des municipalités du Québec serait une autre piste - et sur LinkedIn ?
Dautres ressources à considérer:
Publications | FACIL - plusieurs rapports et études touchent les TI en administration publique. Il est possible de commander une étude sur un sujet spécifique à FACIL.
Inventaire des logiciels en infrastructures | CERIU - un rapport qui peut être intéressant, il y est mention des logiciels libres vs. privateurs. Mis à jour tous les 6 mois par le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU).
Répertorier des exemples récents de transition numérique vers les logicielslibres serait un bon exercice aussi:
Fondée en 2002, l’ADULLACT a pour objectifs de soutenir et coordonner l’action des Administrations et Collectivités territoriales dans le but de promouvoir, développer et maintenir un patrimoine de logiciels libres utiles aux missions de service public.
L’ADULLACT, structure unique en Europe, est une initiative née de la nécessité de voir apparaître une alternative au système des licences propriétaires, en particulier dans le domaine des logiciels métiers.
En mettant en place des projets informatiques libres répondant aux besoins précis de ses adhérents et en coordonnant les compétences territoriales, l’ADULLACT souhaite donner un sens concret à l’idée de mutualisation des ressources. Avec une conviction et un principe simples : l’argent public ne doit payer qu’une fois !
Il était une fois, j’avais lancé l’initiative MuniDuWeb (surtout axé sur le web, quand 75% des municipalités n’avaient pas de site web) mais le projet n’a pas porté fruit.
Plus récemment, j’utilisais les logiciels libres pour un autre projet:
C’est sur pause depuis que j’ai commencé un nouvel emploi.
Merci! C’est très intéressant ADULLACT. Le mot « mutualisation » revient souvent dans plusieurs services, mais je constate que c’est plus populaire en théorie. Il y a une peur (plus ou moins fondée) de la perte de contrôle locale, mais aussi une peur (plutôt fondée) de la perte de contrôle spécifiquement sur les dépenses, et les négociations sur les quote-parts sont assez houleuses…
Je pense qu’il y a un bon argument que le logiciel libre (si tout le monde y participe) peut contourner un peu cette problématique. Une licence assez forte du genre AGPL évite plusieurs questions de contrôle. Pour les dépenses - les villes qui ont des budgets de taille suffisante pour avoir un département TI peuvent sûrement embaucher des développeurs avec l’argent épargné en frais de licence.
C’est du pelletage de nuages je sais! Mais il faut rêver aujourd’hui pareil…