[…] a dit des gros mots, l’a reconnu et regretté,
Je ne me souviens pas d’avoir vu la preuve qu’il ait reconnu (encore moins regretté) ses propos dans l’affaire de 2019—au contraire, il me semble qu’il a toujours dit avoir été malmené par la presse.
Si on parle de ses propos/argumentaires de 2003 sur l’âge du consentement, eh bien oui il a dit avoir « changé d’avis » sur la question… seulement en 2019, une fois que ses commentaires sur l’affaire Marvin Minsky lui aient explosé à la figure.
Regrette-t-il vraiment ces propos? Je ne sais pas, je suis pas dans sa tête. Toutefois le « timing » de cette rétractation des propos de 2003, en 2019, tient beaucoup plus du « PR » réactif que de la proactivité.
[…] a quitté son bébé pendant deux ans pour revenir sur le conseil d’administration.
Corrigez-moi si je me trompe, mais il me semble qu’il était déjà sur le CA; c’était ça, son rôle: président de la FSF. Il n’a jamais été un simple « employé ». De ce côté là, si mon interprétation est correcte, il revient au même titre qu’avant, et ce, en plus, sans aucune consultation démocratique.
Si seulement c’était lui le violeur, j’dis pas. […]
Je vais présupposer que tu n’as jamais rencontré RMS « en personne »… Les « gros mots » dont tu parles ne sont pas la cause fondamentale du backlash concerté de 2019 et de 2021, ils n’ont été que la goutte qui ont fait déborder le vase. Le vase en question est le très long et tristement célèbre historique de RMS en ce qui concerne les propos inappropriés, le harcèlement sexuel (dans les conférences, surtout), et de manière globale ses comportements et attitudes rendant inconfortable une portion non-négligeable de la communauté du libre, en personne et en ligne. En gros, c’est un cas de « Kévune, tu m’fais honte! »
Si seulement il était à la tête d’un YMCA ou une autre organisme défendant le droit des femmes, j’dis pas. Or ici on ne parle que de propos, propos qui n’ont rien à voir avec la promotion des logiciels libres.
Prétendre que les propos et attitudes des dirigeants et figures de proue du mouvement du logiciel libre n’ont « rien à voir avec la promotion des logiciels libres » (ou même de la technologie), est un non-sens. Le mouvement du logiciel libre est d’abord né comme un mouvement social et politique. Le logiciel libre est fondamentalement politique et fondé sur une question de justice sociale, sinon pourquoi chercher à se différencier de la méthodologie technique que représente « open source »?
Cette situation ressemble beaucoup au 2e impeachment du 45e président des États-Unis (j’ai de nombreux amis là-bas qui m’ont dit, pour la première fois de leur vie, avoir profondément honte de leur pays). RMS est, pour une très grande portion de la communauté, tout aussi délétère à la réputation de la communauté du logiciel libre sur la scène internationale. Est-ce vraiment le genre de personne qu’on veut comme figure de proue d’un mouvement socio-technologique?
Il semble que beaucoup de professionnels de l’industrie en ont « plus qu’assez » et ont décidé de communiquer leur ras-le-bol. À ce que je vois, dans la dernière heure à peine il s’est rajouté des centaines de signatures d’individus à la lettre ouverte–et ça va continuer, il n’y a aucun doute à avoir là-dessus.
J’espère que mes réponses fourniront une meilleure compréhension du contexte très délicat dans lequel tout cela s’inscrit. Je n’ai pas de vendetta personnelle envers RMS, par contre j’ai entendu assez d’histoires d’horreur pour m’en tenir loin même lorsque j’étais à LibrePlanet. Le récit de @anarcat (si on prend le temps de le lire) est probablement le témoignage le moins catastrophique que j’aie entendu à son sujet.
Pour ce qui est du sujet de discussion ici présent (et pourquoi je l’ai amené à la lumière du jour): ce que je dis en tant que conseiller de communications et de gestion d’image de marque, c’est qu’il y a des cas assez clairs où on veut éviter de s’associer avec des personnes et organisations ayant démontré à répétition leur incapacité à nous représenter adéquatement « sans qu’on aie constamment à s’excuser avec embarras de leur comportement » et sans qu’ils nuisent à notre message et notre crédibilité par association.
Je ne pousse personne à partir en guerre (j’ai d’autres chatons à fouetter); ici je dis simplement que, à tout le moins, il vaut mieux ne plus faire affaire avec la FSF ni les promouvoir à l’avenir. La FSF vient de faire un suicide politique et ce n’est plus un nom qui vous amènera un quelconque rayonnement organisationnel.
Ou boycotter une série télé parce qu’il y a une comédienne qui a, dans une autre vie, mordu une chanteuse…
Pour répondre à l’analogie par une analogie, vous ne me verrez pas travailler pour Mike Ward, par exemple. Pas parce que je ne crois pas en la liberté d’expression, mais parce qu’il y a aussi une question de « minimum de classe » dans ce à quoi je veux m’associer.